Thibaut Beauté, président de l’AFDJEVP*, partenaire du salon PAYSALIA nous livre quelques éléments sur le sujet :
« Les collectivités territoriales réfléchissent depuis bien longtemps, au-delà de l’actualité da la sécheresse, à la problématique de l’eau dans le cadre de la gestion des espaces verts et paysages publics. A l’origine il y a la question des coûts et bien sûr celle du développement durable.
Si le placement de 71 départements à ce jour en état de restriction d’utilisation de l’eau braque les feux de l’actualité sur le thème, il faut savoir que les collectivités travaillent sur une gestion raisonnée de l’eau, à savoir apporter des réponses adaptées « pas plus, pas moins ».
L’eau se révèle un élément majeur du paysage et une source d’inspiration inépuisable pour les paysagistes qui en sont fascinés et l’utilise à des fi ns esthétiques et ludique. Les eaux dormantes, eaux vives, bassins, fontaines, rivières, cascades, ruisseaux, canaux ou encore mares et viviers illustrent l’utilisation décorative de l’eau. Que seraient les jardins de Vaux-le-Vicomte, de Versailles, de Saint Cloud,... sans l’eau ? L’eau est aussi associée à la fête souvent avec la démesure si chère aux manifestations festives anciennes ou contemporaines.
Et croyez le déjà il y a des siècles les grands jardiniers pensaient déjà à la nécessité de gérer l’eau et selon un vieil adage toujours d’actualité : « un binage vaut deux arrosages ».
Tout ceci pour bien comprendre qu’au fond il y a beaucoup de « bon sens » dans ces questions de la gestion de l’eau, en période ou non de sécheresse en remettant au goût du jour les techniques anciennes issues de l’observation.
Techniquement tout d’abord la régulation et l’optimisation des apports en eau ont fait l’objet de travaux spécifiques. Dès les années 80, des systèmes pour optimiser l’utilisation de l’eau ont été mis au point et se sont encore perfectionnés. Si les performances technologiques des équipements actuellement utilisés ne sont plus à démontrer en matière de programmation, la gestion centralisée permet aujourd’hui d’ajuster en temps réel les durées et les cycles d’arrosage, non pas à partir de données climatiques, mais sur une base agronomique intégrant les caractéristiques du sol et les exigences hydriques du végétal. Puis on a conduit des réflexions de fond, on a retrouvé des réflexes perdus.
On travaille de plus en plus en amont. Dès la conception d’un nouvel espace vert, les collectivités font des choix qui influent sur cette gestion de l’eau : exposition du lieu au soleil, au vent, à la réverbération, densité de plantation, choix des espèces et des variétés de plantes,...
On a aussi une démarche proactive pour éviter le gaspillage, mieux gérer la récupération (eaux pluviales, eau de vidange de piscines,...). Ce mouvement de fond a aussi porté sur la réintégration dans les aménagements urbains de milieux humides riches en biodiversité.
Au fond, nos illustres prédécesseurs, créateurs des grands jardins publics français connus dans le monde entier (Versailles, Vaux le Vicomte pour ne citer qu’eux) avaient aussi les mêmes soucis que nous aujourd’hui de s’adapter « au vivant ».
Le choix des plantes moins gourmandes en eau et moins fragiles est de plus en plus privilégié, on met en place des pratiques horticoles dans le cadre de la gestion différenciée. Un exemple fort c’est le paillage en vue de diminuer les pertes en eau par évaporation. Ce paillage est réalisé dans certains cas à partir du broyage des produits d’élagage et de taille. C’est aussi une façon de recycler les déchets verts et de créer un vrai circuit vert et court puisque ce type de paillage en plus enrichit le sol et crée un stockage momentané de CO2. Voici donc quelques exemples de cette anticipation.
Clairement les périodes de sécheresse amènent bien sûr aussi à prendre des mesures supplémentaires. Globalement, on va aller sur des systèmes d’arrosage nocturnes pour réduire l’évaporation, en fonction de l’hygrométrie des sols enregistrée.
Les stades de restriction sont différents selon les arrêtés et on s’adapte, mais en faisant des choix qui ne sont pas définitifs. On va par exemple cesser l’arrosage de certains gazons ou réduire fortement les fréquences mais pas celui d’un arbre qui serait fragile.
L’AFDEJVP qui existe depuis 1936 est un lieu d’échanges et de réflexion qui accueille des responsables d’espaces verts publics de collectivités de taille très différentes. De ce fait, les expériences de chacun sont un vivier formidable de connaissances et ces échanges sont une source de nombreuses décisions qui sont ensuite appliquées sur le terrain. C’est le cas bien sûr de la gestion de l’eau !».
*A propos de l’AFDEJVP :
L’Association Française des Directeurs de Jardins et d’Espaces Verts Publics regroupe en son sein les professionnels de la filière du paysage et des espaces verts du secteur public assurant des fonctions de direction ou de responsables dans les collectivités territoriales.
Au service de plus de 400 collectivités, les 800 membres de l’association ont pour mission sous la responsabilité des élus locaux, de gérer, développer et sauvegarder le patrimoine végétal et son environnement pour le bien être de la population.
Cette mission s’inscrit dans le respect et la promotion de la biodiversité et la mise en œuvre de la charte de l’environnement, inscrite dans sa constitution pour la promotion d’un développement durable.
Source : Paysalia