Plante & Cité a coordonné en 2010 une enquête nationale sur les pratiques de désherbage en zones non agricoles dans le cadre du programme d'étude COMPAMED ZNA*. Elle a permis de recueillir les réponses de 433 professionnels, en grande majorité des collectivités territoriales (90%). Cette enquête met en évidence des démarches en faveur du désherbage raisonné et un large éventail de techniques requérant des mises en œuvre spécifiques.

L'enquête constitue le premier volet de la phase d'évaluation des caractéristiques techniques, logistiques et économiques des méthodes de désherbage. Elle a permis de mettre en place un observatoire des pratiques constitué par une quarantaine de gestionnaires. Les données collectées sur près de 150 sites (consommations d'intrants et d'énergie, logistique déployée...) viendront alimenter l'analyse du cycle de vie qui s'appuiera sur la modélisation de l'impact environnemental des différentes techniques.

Compamed ZNA : calendrier et avancement

Le programme d’étude Compamed ZNA sur la comparaison des méthodes de désherbage en zones non agricoles prévoit des actions d’expérimentation (action 1), d’étude des pratiques de terrain (action 2) et de modélisation de l’impact environnemental (action 3) des différentes techniques existantes.

En 2010 s’est tenue une enquête nationale, premier  volet de la phase d’évaluation des caractéristiques technico-logistiques et économiques des méthodes de désherbage, suivie en 2011 par la mise en place d’un observatoire des pratiques. Des expérimentations portant sur l’efficacité des différentes techniques ont été mises en place cette même année, et une Analyse de  Cycle de Vie a été initiée, s’appuyant sur les données produites dans le cadre du programme.

Tous ces éléments serviront à la rédaction d’un guide d’aide à la décision à destination des gestionnaires et des pouvoirs publics (action 4). Sa finalité est de permettre aux collectivités territoriales, aux entreprises prestataires et aux gestionnaires des réseaux routiers et autres sites non agricoles d’identifier les conditions pour optimiser le désherbage en ZNA, d’en minimiser l’impact sur l’environnement et de mieux maîtriser les risques qu’il génère. Ce guide sera disponible courant 2013 sur la plateforme Ecophyto pour les professionnels des zones non agricoles.

Enquête 2010 : contexte et objectifs de l’étude

L’enquête nationale 2010 sur les pratiques de désherbage en zones non agricoles constitue la première étude de ce type. Son objectif était de caractériser l’état des pratiques de désherbage des zones non agricoles, en investiguant notamment :

• L’organisation de la gestion du désherbage ; 
• Les choix techniques des méthodes curatives de désherbage ; 
• Les pratiques associées au désherbage raisonné.

Les 433 répondants, issus de l’ensemble des acteurs de la filière du désherbage en zones non agricoles, sont en grande majorité des collectivités territoriales (à 90%). De plus, les résultats montrent que l’enquête a mobilisé des communes particulièrement engagées en faveur du désherbage raisonné. Il est possible que la problématique de l’enquête ait conduit à sélectionner passivement des répondants dont les pratiques sont plus orientées vers le désherbage raisonné.

Toutes les conclusions émises dans le cadre de cette étude s’appuient sur les résultats du questionnaire d’enquête et reflètent les caractéristiques du lot de répondants.

Des démarches en faveur du désherbage raisonné

Cette enquête a permis de mettre en évidence l’existence d’un groupe de collectivités territoriales engagées en faveur du désherbage raisonné, mettant en œuvre des démarches curatives et préventives innovantes.

La palette des approches faisant appel à l’utilisation de techniques alternatives est diversifiée : plan de désherbage, plan de gestion différenciée, démarche  d’amélioration des pratiques phytosanitaires (réduction des doses appliquées, diminution des surfaces à traiter, contrôle du matériel de pulvérisation afin de limiter la dérive…).

Les démarches des communes engagées associent des réflexions sur le raisonnement des surfaces à traiter en fonction des risques et des objectifs d’entretien, sur une meilleure conception des aménagements urbains, et sur des tests de techniques de désherbage chimique et d’alternatives.

Dans le cadre de l’enquête, les démarches recensées en faveur du désherbage raisonné concernent essentiellement des grandes villes françaises, mais également des communes plus petites pour lesquelles l’association d’une volonté politique, de moyens techniques et financiers ont permis d’amorcer ces changements.

En outre, l’analyse des résultats de l’enquête montre que la mise en œuvre d’objectifs de réduction des interventions phytosanitaires dans les collectivités du panel suit une progression depuis les années 80.

Plus récemment, ces démarches sont confortées dans certaines régions par l’adhésion des communes à des chartes encourageant la réduction voire la suppression des techniques chimiques de désherbage. Il est toutefois important de noter que la stratégie de gestion dite « zéro pesticides » ne constitue pas systématiquement l’objectif final des gestionnaires engagés en faveur du désherbage raisonné.

Un large éventail de techniques requérant des mises en œuvre spécifiques

Pour les répondants, les paramètres qui prévalent pour le choix d’une technique de désherbage sont en premier lieu l’efficacité et les impacts environnementaux et sanitaires supposés, et en second lieu seulement le coût ou la facilité de mise en œuvre.

On note une grande prépondérance des méthodes chimique et mécanique, les autres techniques étant moins représentées. Certaines restent encore sporadiques, comme la vapeur, la mousse ou l’infrarouge.

En général, ce sont les équipements les plus légers et autonomes qui sont privilégiés (pulvérisateur à dos plutôt  que remorqué, outils manuels plutôt que mécanisés). Le désherbage thermique, tous procédés confondus, est plus souvent utilisé par les grandes villes que par les petites communes. Idem pour le brossage des voiries, souvent mis en place à l’échelle des EPCI.Certaines techniques sont plus souvent externalisées que d’autres, comme l’eau chaude, la mousse ou le brossage.

Les différentes techniques de désherbage ne sont pas mises en œuvre de la même manière. Pour le désherbage chimique, une attention particulière est portée à la sécurité de l’applicateur ainsi qu’aux conditions climatiques. Pour le thermique à flamme, il s’agit de précautions relatives au risque incendie, alors que pour le désherbage mécanique le point crucial est le confort de l’applicateur.

Les professionnels interrogés sont en attente d’informations techniques sur les approches préventives  de désherbage. En effet, alors que les risques sanitaires liés aux traitements chimiques sont la plupart du temps connus et constituent un sujet bien documenté, les informations sur les solutions préventives d’aménagement s’avèrent moins accessibles.

Plus problématique, la réglementation concernant les interventions phytosanitaires est également un domaine pour lequel les répondants s’estiment insuffisamment informés. Il paraît par conséquent important de développer ces points et de les intégrer aux préconisations globales sur le désherbage en zones non agricoles.

Conclusion et perspectives dans le cadre du programme Compamed ZNA

Les résultats de l’enquête permettent de dresser un inventaire des pratiques de désherbage et mettent  en évidence la diversité des pratiques existantes au sein du panel répondant. Il est toutefois nécessaire de garder à l’esprit que ce travail ne prétend pas détailler la situation nationale ni les proportions de gestionnaires recourant à chacune des pratiques étudiées.

En complément à l’approche du programme Compamed ZNA, cette enquête a permis de faire ressortir des problématiques liées à la fois aux questions de désherbage, d’aménagement urbain, de demande sociétale en matière d’environnement, de gestion de la biodiversité urbaine, etc. Parmi les plus importantes, citons l’acceptation de la flore spontanée par le public et la gestion des plantes exotiques envahissantes.

Il s’agit là de sujets faisant l’objet d’autres programmes d’études conduits par Plante & Cité, et qu’il est crucial d’intégrer à la réflexion globale sur la gestion de la nature en ville. Menées et valorisées en concertation, les conclusions issues de ces différentes initiatives contribueront à fournir aux gestionnaires et professionnels des zones non agricoles les outils nécessaires pour remplir leurs objectifs de gestion, notamment dans le cadre du plan Ecophyto 2018.

Pour la suite de Compamed ZNA, l’évaluation comparative des méthodes de désherbage en ZNA doit s’appuyer sur la collecte d’informations quantifiées. Ainsi, l’étape suivante a consisté à observer les pratiques de terrain en s’appuyant sur différents profils de gestionnaires illustrant la diversité nationale, établis grâce aux résultats de l’enquête 2010. Une quarantaine de gestionnaires correspondant à ces profils participent actuellement à cet observatoire.

Durant l’année 2011, ce réseau de gestionnaires a collecté des données de terrain : enregistrement des itinéraires techniques sur près de cent-cinquante sites, des consommations d’intrants et d’énergie, de la logistique déployée, et ce pour chaque intervention et chaque technique de désherbage.

Ces données viendront alimenter une Analyse de Cycle de Vie qui s’appuiera sur la modélisation de l’impact environnemental de différents itinéraires techniques. Elles contribueront également, associées aux résultats des expérimentations de l’action 1, aux synthèses permettant de comparer l’efficacité et la mise en œuvre des différentes techniques.

Plante & Cité sera présent au salon PAYSALIA. Stand N°99H37. Le centre technique animera 5 ateliers.

*COMPAMED ZNA (Comparaison des méthodes de désherbage en Zones Non Agricoles)

Source : Plante et Cité