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AXEMA : Résultats de l’Enquête de conjoncture « 2019 », avec un secteur des espaces verts qui connaît une relative stabilité économique mais prépare les transformations à venir

AXEMA a réalisé, en septembre 2019, une enquête annuelle de conjoncture auprès des dirigeants d’entreprises spécialisées dans la fabrication et l’importation de machines agricoles et d’entretien des espaces verts en France. Ainsi, il apparaît que le marché français des équipements pour les espaces verts -qui s’établit à près d’un milliard d’euros en 2019- est le deuxième en Europe par la taille, derrière l’Allemagne : selon les familles de matériel, la France représente 10% à 25% des volumes écoulés en Europe. Un marché substantiel donc et qui, derrière une apparente stabilité économique, connaît des transformations majeures, entre montée en puissance des produits à batterie, changement des comportements d’achat, évolutions réglementaires importantes et restructuration du réseau de points de vente...

Conjoncture du marché des espaces verts : 2019 placée sous le signe de la stabilité...

Après un très bon premier trimestre, les ventes de matériel grand public pour les espaces verts se sont essoufflées au cours des deuxième et troisième trimestres, conséquence de stocks élevés au sein du réseau des points de vente et de conditions climatiques défavorables. Le chiffre d’affaires des entreprises adhérentes à Axema était en très légère progression par rapport à la même période de l’année précédente (+1%). Selon toute vraisemblance et malgré les incertitudes qui pèsent sur la fin de l’année, 2019 devrait être placée sous le signe de la stabilité.

Les tendances évoluent toutefois en fonction des technologies et les familles de matériel. Le segment du matériel à batterie continue de percer significativement, au détriment du thermique comme de l’électrique filaire. Les matériels à batterie ont progressé de +20% à +50% selon les familles de produits au cours des neuf premiers mois de l’année. La conversion à l’électrique (batterie) s’accélère et s’affirme comme une tendance lourde pour le secteur, aussi bien en France que dans le reste de l’Europe.

... Mais du côté des familles de produits, les situations sont contrastées.

Le marché des tondeuses reste déprimé. Les volumes de vente de tondeuses à conducteur marchant se sont contractés de 18% sur les neuf premiers mois de 2019. On s’oriente donc vers une deuxième année consécutive de forte baisse sur ce segment, après une baisse à deux chiffres l’an dernier.

La situation est également négative au niveau des tondeuses autoportées : les adhérents Axema constatent un repli de l’ordre de 10% de leurs volumes de ventes depuis le début de l’année, par rapport à l’année précédente. Dans cette famille de produits, seules les « zéro turn » tirent leur épingle du jeu. Plusieurs facteurs peuvent être avancés pour expliquer le recul du marché des tondeuses : la sécheresse qui a frappé la France à partir du deuxième trimestre, l’effet de substitution des robots tondeurs (qui est récent), et la tendance lourde à la réduction des tailles de jardin.

Si les équipements d’entretien de la pelouse souffrent, la situation est meilleure pour les matériels d’entretien des arbres, arbustes et haies, tout particulièrement pour les tronçonneuses et les broyeurs de végétaux. Ces deux familles de produits ont enregistré une croissance à deux chiffres au cours des neuf premiers mois de l’année. Les ventes en volume de débroussailleuses progressent légèrement, tandis que les segments des taille-haies et des coupe- bordure restent stables par rapport à l’année précédente.

Enfin, la tendance est bonne pour les matériels à motorisation diesel destinés à la clientèle des professionnels : les ventes de tracteurs compacts et sub-compacts ont progressé de 2% au cours de la campagne 2018-2019 (d’octobre à septembre). Les tondeuses diesel ont progressé de 11%. Les immatriculations de véhicules utilitaires, quant à elles, s’envolent (+22% à plus de 1 700 immatriculations entre octobre 2018 et septembre), du fait de leur adoption croissante par les exploitations agricoles. Néanmoins, les professionnels du secteur constatent, de la part des collectivités territoriales notamment, une aversion croissante au diesel.

Pour David Targy, Responsable du Pôle Economique d’Axema : « Le tableau d’ensemble est donc nuancé en 2019, avec une forte dichotomie selon la nature de la clientèle (grand public vs. professionnels), la technologie (batterie vs. thermique) et les familles de produits (tondeuses vs. autres catégories de matériel). L’apparente stabilité du marché est le résultat de forces contraires. Ces tendances observées en France sont également à l’œuvre dans l’ensemble de l’Europe. »

Les industriels et importateurs face a l’enjeu de l’économie circulaire dès 2021

L’adaptation aux évolutions structurelles du marché n’est pas le seul défi que la profession doit relever. Au 1er janvier 2021, les professionnels des équipements espaces verts vont devoir mettre en place une filière de gestion des déchets pour les équipements à moteurs thermiques (les équipements à batterie sont déjà pris en charge par la DEEE : déchets d’équipements électriques et électroniques). En effet, le principe de la REP (responsabilité élargie du producteur), institué par l’article L541-10 du code l’environnement datant de 1975, va être étendu à partir du 1er janvier 2021 à cinq nouvelles filières, dont les articles de bricolage et de jardin. Il est à noter que ce principe pourrait également être appliqué aux huiles « minérales ou synthétiques, lubrifiantes ou industrielles » à compter du 1er janvier 2022.

Concrètement, cela place les fabricants, les importateurs et les distributeurs de produits en marque propre dans l’obligation de prendre en charge la gestion de leurs déchets et de s’engager sur des objectifs de collecte et de valorisation, soit de manière individuelle, soit de manière collective, soit via la création d’un nouvel éco-organisme. Entre autres implications, les acteurs de la filière devront assurer la reprise 1/1 (reprendre l’ancien en cas d’achat d’un équipement neuf), voire peut-être 1/0 (reprendre l’ancien même sans achat de matériel neuf), sur les points de vente et les points de livraison.

Cette réglementation va engager un peu plus les acteurs du secteur sur le chemin de la transition écologique, en favorisant l’écoconception, la durabilité / réparabilité des équipements et le réemploi. Les professionnels du secteur accueillent favorablement cette évolution, tout en s’interrogeant sur trois points :

  • Le périmètre des produits concernés : faut-il y intégrer les équipements principalement destinés aux professionnels (les tondeuses diesel, les équipements pour l’entretien des golfs, par exemple) ?
  • Le rapport coût/avantage de la mise en place d’une telle filière, sachant que le gisement de déchets des produits concernés, essentiellement collectés dans des bennes à ferraille, est faible et source de revenus pour les collectivités ?
  • L’impact de cette nouvelle écotaxe sur le prix de vente des équipements.

Par ailleurs, les fabricants et importateurs de matériel d’espaces verts s’inquiètent de l’accumulation réglementaires contraignantes auxquelles ils doivent faire face depuis plusieurs années et dont les impacts sont à la fois économiques, organisationnels et industriels.

Pas une année ne se passe sans qu’une nouvelle réglementation impacte fortement l’activité : norme machines EU167/2013 (véhicules forestiers et agricoles), arceaux de sécurité avec assistance pour les tracteurs compacts, réglementation (UE) n°2016/1628 norme Stage V, nouvelle homologation MAGA... Toute la chaîne du marché est impactée : les industriels, les importateurs comme les distributeurs. Autrement dit, la combinaison de ces nouvelles réglementations et de la mutation du réseau de distribution ne peut que mettre encore plus à mal la rentabilité financière des différents acteurs de ce marché, déjà très éprouvée ces dernières années par des conditions climato-économiques défavorables.

L’inquiétude grandit quant à la pérennité du réseau de points de vente

Autre objet d’inquiétude, la pérennité du réseau de distribution traditionnel des matériels d’espaces verts, constitué aujourd’hui d’un peu plus d’un millier de points de vente de motoculture plaisance. Outre le fait que l’existence économique de ces structures est précaire - la rentabilité y est faible -, il y a également une problématique de la transmission au niveau du secteur : les entreprises peinent à trouver des repreneurs.

Les professionnels des équipements des espaces verts appellent de leurs vœux la mise en place d’un baromètre économique de suivi de l’activité de la distribution. Ils souhaitent également, collectivement, s’engager dans l’accompagnement des revendeurs pour développer des activités à plus forte valeur ajoutée, par exemple en développant la vente de pièces de rechange et équipements et aussi travailler à la rentabilité des ateliers.

Méthodologie de réalisation de l’enquête de conjoncture

L’enquête annuelle de conjoncture a été réalisée en septembre 2019 auprès des dirigeants d’entreprises spécialisées dans la fabrication et l’importation de machines agricoles et d’entretien des espaces verts en France.

A propos d'AXEMA :

AXEMA est l’association française des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’Agroenvironnement. Elle regroupe les constructeurs français et importateurs de matériels agricoles des différentes filières de la production agricole, végétale et animale, ainsi que les producteurs et importateurs de matériels pour l'entretien des espaces verts. AXEMA compte 237 sociétés membres réparties entre fabricants (70%) et importateurs (30%).

Source : Axema

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Dernière modification le lundi, 27 janvier 2020 07:58

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